Procès au Maroc des 24 militants Sahraouis, le gouvernement français ne peut garder le silence sur cette grave atteinte grave aux droits de l’homme

Posted on mars 10, 2013


MRAP :

Vingt-quatre militants sahraouis qui avaient choisi en 2010 de protester contre leurs conditions de vie désastreuses et défendre leurs droits politiques, économiques et sociaux – arrêtés, torturés et incarcérés depuis 27 mois dans l’illégalité – ont été jugés au Maroc par un tribunal militaire qui, selon Amnesty International, « est contraire aux normes d’équité reconnues au plan international ».

Ils ont été condamnés à de lourdes peines de prison – neuf militants à perpétuité, quatre à 30 ans, sept à 25 ans, trois à 20 ans et deux à 2 ans – par un jugement dépourvu de toute procédure d’appel. La plupart des condamnés avaient été arrêtés en novembre 2010, accusés d’avoir été les auteurs de la mort de 11 jeunes recrues gendarmes lors du démantèlement violent, par les forces de l’ordre marocaines, du campement de 8 000 tentes (abritant vingt mille personnes) de Gdim Izik à 12 kilomètres de Laâyoune, la plus grande ville du Sahara occidental.

Que les accusés et leurs avocats aient

  • démontré l’illégalité des procédures d’arrestation et d’instruction,

  • et dénoncé des « aveux » extorqués sous la torture et les humiliations les plus sordides,

Qu’aucun accusé n’ait été arrêté en flagrant délit,

Qu’aucune trace d’empreinte n’ait été décelée sur les instruments exhibés comme ayant causé la mort des jeunes gendarmes,

Que le premier des 9 témoins présentés par l’accusation ait déclaré qu’il n’avait rien vu et qu’il ne reconnaissait personne parmi les accusés (ce qui a amené le Président à renoncer à l’audition des autres),

Que l’accusation repose sur les seuls PV de la police…

Rien n’aura pu changer le cours des choses ni éviter une sentence qui entend mettre respectivement en garde Sahraouis et Marocains contre la contestation

  • pour les uns d’une colonisation spoliatrice de droits et de richesses naturelles,

  • pour les autres d’un régime prédateur et corrompu qui ne répond pas aux besoins de la grande majorité de la population.

  • Depuis le 17 février, date de promulgation de ce jugement inique, et malgré la multiplication de déclaration vantant la volonté de la France de défendre partout les droits de l’homme, c’est le silence assourdissant des plus hautes autorités de l’Etat (Présidence de la République, Ministère des Affaires étrangères…) qui se rendent ainsi complices de cette mascarade judiciaire.

    La diplomatie française se félicite de ses bonnes relations avec les autorités marocaines, considérant même que les droits de l’homme sont respectés au Maroc puisqu’ y existe un Conseil National des Droits de l’Homme, dont on s’étonne que, vingt-sept mois après le procès, il ne se soit toujours pas exprimé sur ce sujet .

    Le MRAP demande aux plus hautes Autorités politiques françaises de s’exprimer sans délais pour demander

  • l’annulation de ce procès ainsi que la libération des militants condamnés,

  • la mise en œuvre très rapide des résolutions de l’ONU pour qu’enfin soit organisé le referendum d’autodétermination du peuple Sahraoui sur le statut du Sahara occidental.

Paris, 6 mars 2013